mardi 22 novembre 2016

Petite histoire de mon féminisme

Pourquoi parler de ça ? 
Parce que, à vingt-cinq ans, je m'assume enfin comme féministe 
(et je vois d'ici les regards exaspérés de mon chéri hahah)

Ma frangine, alors que je m'autoproclamais ainsi au détour d'un repas de famille, m'a alors lancé "Féministe, toi ? Alors que tu réveilles Valentin tous les matins ?" Bah oui, ma bonne dame, c'est pas parce que je suis féministe que je refuse de rendre ce service à mon homme qu'est pas du matin.
Mais alors, c'est quoi être féministe ?

C'est là justement qu'intervient la petite nuance de mon titre : petite histoire de mon féminisme.
Je n'ai pas la prétention de définir le féminisme, n'y de m'inclure dans une continuité historique. Il ne s'agit que de mon propre parcours, que j'ai envie de partager ici.



J'ai eu la chance de naître dans une famille bien éloignée des clichés papa-macho et maman-soumise. J'ai toujours vu mon pôpa participer aux tâches ménagères, et ma mère résister à ma grand-mère qui nous disait, à ma soeur et moi : "Les filles, débarrassez la table, ça n'est pas à un garçon de faire ça".
Le seul truc réellement genré auquel je peux penser, c'est la couleur des rideaux dans nos chambres d'enfant : bleu pour mon frère, et rose pour ma soeur et moi. Mais bon, à part ce détail, je jouais aux barbies (comme quoi, ça n'empêche pas le féminisme) comme aux playmobiles, j'adorais les petites voitures et détestais les poupées.
Une enfance équilibrée, en somme.

Adolescente, je trouvais le féminisme inutile, dépassé… les féministes, c'était des mal-baisées, des lesbiennes, et après tout, les femmes ont le droit de vote, non ? Bon. J'avais d'autres problèmes, apparemment.



Bref, entrons dans le vif du sujet : mon féminisme.
C'est un féminisme 2.0, si j'ose, car toutes mes références proviennent de mes balades sur le net.
Celle qui m'a sensibilisée à cette problématique, c'est l'illustratrice et blogueuse Diglee.
Je la suis depuis un bon bout de temps, à l'époque où Lady Gaga et les paillettes étaient sa préoccupation majeure, ce qui me parlait pas mal. Et elle a évolué, raconté ses prises de conscience, ses démêlés avec la désignation de "dessinatrice girly", et moi j'ai suivi, un peu décontenancée qu'elle quitte peu à peu ce registre léger et humoristique qui me faisait du bien.
Le burlesque (l'art de l'effeuillage) et le porno (eh oui) m'ont également ouvert les yeux sur la diversité de corps, de pratique, et permis de décomplexer sur mes soit-disant anormalités. Ah, et Lady Gaga, dans son approche parfois étrange de l'esthétique, a aussi questionné mes définitions, mes a-prioris.
Puis, puisque Diglee avait écrit un article pour ce site, j'ai découvert Madmoizelle.com. Comment vous raconter un coup de foudre pour un site ? Ben... voilà, il a eu lieu, et ma passion grandit de jour en jour  hahah ! C'est un site qui parle de TOUS les sujets, avec une orientation résolument féministe, body-positive et tolérante. 
De fait, mon vocabulaire s'est enrichi de nombreux termes : body-positive, fat/slut-shaming, empouvoirment, cisgenre, …
De fil en aiguilles, je me construis une petite constellations de noms qui nourrissent mon féminisme et mes réflexions, dont voici les principaux :
Alors alors, qu'appellé-je être féministe ?
J'avoue, pour moi, ce terme est un peu le fourre-tout de mes nouvelles prises de conscience.
Du coup, je vais commencer par ce qu'être féministe n'est pas, pour moi :
- placer la femme au-dessus de l'homme (le genre m'intéresse de moins en moins, soit dit en passant)
- détester les hommes
- éviter le girly, le féminin
- hurler au loup à chaque blague graveleuse
- manifester seins nus (y en a pour qui c'est une démarche sensée, pas pour moi)
- cracher sur la galanterie
- …

Etre féministe, pour moi, aujourd'hui (ça peut, et ça va, encore évoluer) c'est avant tout un regard différent sur le monde, comme un filtre ajouté à mes lunettes : certaines choses ne passent plus à mes yeux, comme le fait que les peluches Migros soient toujours deux garçons et une fille (exemple con, mais parlant) ou que, dans la bande-annonce de "Seuls au monde, les rescapés" le mec soit en parka et grosses chaussures et la meuf en bikini.
Etre féministe, pour moi, c'est prôner la valeur égale de l'homme et de la femme, en respectant les différences intrinsèques à chaque personne. C'est refuser d'enfermer les gens dans des stéréotypes liés à la représentation du sexe, et également ne pas inverser les genres. Je m'explique (brièvement, je l'espère) : Dans le clip de Stupid Girl, Pink dépeint les filles girly comme des connes à éviter et les filles badass comme le modèle, la petite fille à la fin a le choix entre l'ange et le démon, entre le ballon de rugby et la barbie, et choisit le ballon ; ce n'est pas ma vision du féminisme, parce que c'est égaliser les hommes et les femmes en gommant la féminité. Je suis pour le choix : voiture et/ou poupée, prends ce qui te plait, que tu sois un garçon, une fille, ou autre.
Etre féministe, pour moi, c'est refuser de juger sur l'apparence, c'est refuser de normer la beauté. Tu t'épiles, tu t'épiles pas ? C'est ton choix le seul critère. C'est une démarche qui va avec les concepts de body-positivity (le fait de mettre en valeur les corps dans leurs diversités) et d'attention au slut-shaming (condamner quelqu'un pour sa tenue jugée trop provocante, entre autres) ou au fat-shaming (condamner quelqu'un parce qu'il est jugé trop gros).
Etre féministe, pour moi, c'est accepter les mouvances de sexualité, de genre, d'attirance, et de tout le bordel amoureux, identitaire, ou sexuel, sans toujours en revenir à un modèle hétéro-normé cisgenre.
Etre féministe, pour moi, c'est ne plus soupirer devant une perfection inatteignable, mais bien apprécier les défauts, les hors-normes comme une chance.

Etre féministe, pour moi, aujourd'hui, c'est être ouverte d'esprit.



C'était la petite histoire de mon féminisme.
Qui n'est pas près de prendre fin.

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